Aller au contenu

 

Portrait de leader : Léon Sanche

Chercheur de vérité

Léon Sanche
Léon Sanche

30 août 2007

Josée Beaudoin

À l'âge de six ans, Léon Sanche voulait devenir ingénieur, comme son oncle. Puis, au secondaire, il voulait être physicien ou mathématicien, comme sa passion le lui dictait. Un Ph.D. de l'Université de Yale et quelque 35 années de recherches plus tard, il fait figure de sommité dans l'univers de la physique, et plus précisément dans le domaine des électrons de basse énergie. «Ce qui m'a vraiment attiré dans la science, c'est la vérité, raconte ce fondamentaliste dans l'âme. J'ai voulu voir où elle était et comment on pouvait y arriver. C'est sûr qu'il y a toutes sortes de petites vérités et que l'on peut y toucher de bien d'autres façons, mais en science, on peut la démontrer.»

Faire la référence

Professeur au Département de médecine nucléaire et de radiobiologie, Léon Sanche est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences des radiations depuis 2001. Ses travaux font écho dans plus de 300 articles de journaux de haut calibre, tels que Physical Review Letters, Radiation Research, Science et le Journal of the American Chemical Society. Sa notoriété est telle qu'il a été nommé scientifique émérite par le Conseil de recherche médicale du Canada, une distinction donnée à un leader mondialement reconnu dans son domaine. Au moment de notre rencontre, il arrivait d'un mois en Inde où il avait donné des conférences à travers le pays.

Même si Léon Sanche se qualifie de «prof comme les autres», sa réputation exerce tout un pouvoir d'attraction auprès des étudiants et chercheurs postdoctoraux à l'échelle internationale. À preuve, Yeliz Yildirim est partie de Turquie pour venir faire une partie de ses études de Ph.D. avec lui. Les mots manquaient à l'étudiante lors de notre petit entretien, mais l'enthousiasme, non. «I am very happy here», a-t-elle dit en souriant. Et le professeur Sanche, il est comment? «Very, very helpful!»

Malgré un CV bien étoffé et plusieurs distinctions à son tableau d'honneur, Léon Sanche demeure humble, tout comme sa quête initiale d'ailleurs. «Ce qui m'a poussé, et qui me pousse toujours, c'est de découvrir une vérité fondamentale et d'en constater la simplicité, dit-il. C'est intéressant de voir à quel point une chose nous sautait aux yeux, mais on ne la voyait pas parce qu'on avait des préjugés, des façons de penser préétablies. Souvent, on formule une hypothèse et on découvre un phénomène différent. Il n'y a pas de vérité ultime. Même en physique, on s'aperçoit qu'avec plus de connaissances, on peut améliorer les lois.»

Découvrir le comment

Si la simplicité émane du chercheur, une complexité certaine se dégage de ses recherches, spécialement pour les non-initiés. «Quand on arrive avec un nouveau projet de recherche, c'est rarement facile, sinon, quelqu'un d'autre l'aurait fait avant nous!» dit Léon Sanche. En bon fondamentaliste, il veut toujours comprendre le fond des choses. Au départ, ses recherches visaient à déterminer comment les électrons lents interagissaient avec la matière condensée. Il devait comprendre le fonctionnement de ces interactions avant d'essayer de les modifier. Il a d'abord travaillé avec de la matière simple, comme des solides moléculaires, puis avec des molécules biologiques plus complexes. «Une fois que tu trouves quelque chose de très fondamental, cela a des applications un peu partout», explique-t-il.

Désormais, ses travaux revêtent un aspect clinique. L'objectif général de son groupe est de comprendre globalement les effets des rayonnements ionisants dans les systèmes biologiques, afin de pouvoir appliquer ensuite cette connaissance pour améliorer l'efficacité thérapeutique et diagnostique du rayonnement en médecine nucléaire. «En radiothérapie, essentiellement, ce que l'on veut faire, c'est détruire, avec le rayonnement ionisant, les cellules cancéreuses tout en épargnant celles qui sont saines, dit le professeur. Si on pouvait le faire parfaitement, on pourrait guérir presque tous les cancers à l'heure actuelle, sauf dans les cas extrêmes où il y a beaucoup de métastases. Ce qu'on essaie de faire, c'est d'améliorer ce rapport-là : détruire plus de cellules malignes et moins de saines.»

Travailler conjointement

Même si les voyages à l'étranger sont synonymes de reconnaissance et de partage, le plaisir de se retrouver au labo avec l'équipe est difficilement égalable. Professionnel de recherche, Andrew Bass collabore avec le professeur Sanche depuis 19 ans et salue non seulement son leadership, mais également sa loyauté : «Léon est quelqu'un qui a beaucoup d'idées, et son travail est vraiment reconnu à travers le monde. De plus, pour bâtir un labo, il a à cœur la stabilité du personnel. Moi, j'ai commencé avec lui comme postdoc.»

Marc Michaud et Pierre Cloutier font également figure de collaborateurs de longue date puisqu'ils travaillent avec notre leader depuis plus de 25 ans. En se gardant bien de vouloir s'envoyer des fleurs, Pierre Cloutier souligne que l'une des très belles qualités de Léon Sanche est celle de savoir s'entourer de gens compétents qui se complètent bien : «En chacun de nous, il a trouvé quelque chose d'indispensable à son équipe.»

La vérité, toute la vérité…

En terminant, une dernière question, Professeur… Est-ce que dans la vie courante, le fondamentaliste que vous êtes essaie toujours de tout comprendre? «Oui, il n'y a rien à faire», conclut-il en riant.